THE END. For now.
Nostalgie dans le bus, nostalgie dans l'avion, nostalgie à la maison. Mais grand bonheur aussi, d'avoir tant appris sur moi même, sur les autres. Sur moi et les autres. D'avoir rencontré quelques très belles personnes, de celles qui t'aident à donner un autre cours à ta vie.
Ces derniers jours ont été très intenses. Notamment avec le Dalai Lama... quand je l'ai vu passer devant moi la première fois j'ai eu une grande bouffée d'émotion, les larmes aux yeux et le coeur qui bat la chamade. Je suis pas tellement du genre "fan de", donc c'était la première fois que je ressentais un truc pareil. Magnétique.
Le premier jour on est arrivées un peu tard Maxi et moi, donc il n'y avait plus de place dans un endroit d'où on puisse le voir. On s'est donc retrouvées dans un des coins du temple, seules occidentales au milieu d'une foule de tibétains.
Les tibétains ont une façon d'être très différente de celle des indiens. Doux et rustres à la fois. Discrets. Charmants.
Il était totalement interdit d'amener appareils photos ou téléphones, si bien que je ne peux que vous décrire l'ambiance. Chaque recoin de l'immense temple, sur deux étages, est occupé par une foule assise à même le sol. La liste des choses à apporter est la suivante: un coussin, un bol et une petite radio pour écouter la traduction tibétain-anglais. Seul le dalai lama est assis dans un fauteuil, immense mais simple, surplombé d'un imposant bouddha doré.
L'ambiance est à la fois calme, sereine, et joyeuse, pas guindée. Le vieux tibétain derrière moi ne parlait pas un mot d'anglais, mais il a tout de suite été absolument adorable avec nous, nous gardant notre place pendant les pauses, et nous frottant le dos quand être assises en tailleur devenait compliqué. Les moines passaient parmi nous plusieurs fois par jour, nous offrant du thé sucré et du pain tibétain. Le midi, ils font du riz et du dal dans d'immense marmites, et tous ceux qui ont leur bol sont invités à venir se servir. On a mangé à deux dans le même bol, avec les mains, par terre, au milieu du brouhaha tibétain. Notre petit voisin nous a gavé de pain tibétain toute la journée, et sous les couvertures, avec mes chaussettes et un thé chaud, je me suis sentie bien, comme à la maison, un dimanche après-midi au coin du feu. Oui, la mousson entamée, il ne faisait plus très chaud là haut dans les montagnes.
L'enseignement du Dalai Lama a été passionnant, bien qu'assez complexe. Surtout avec la traduction en anglais grésillant. J'ai regretté de ne pas pouvoir le comprendre directemment, parce qu'il parle de manière très vivante, faisant des blagues, se marrant toutes les cinq minutes...
Le deuxième jour je suis arrivée tôt pour pouvoir être assise plus près de lui. Il nous a donné une initiation au bodhisattva (celui qui a choisi de suivre le chemin de Bouddha) de la compassion dont il est l'émanation. Rien que ça.
A chaque fois qu'il est passé dans les rangs, il a pris le temps de dire quelques mots, de sourire à ceux qui lui étaient les plus proches. Ce qui lui a valu de se faire sauter dessus par un tibétain gentil mais fou qui "voulait juste le toucher", et de mettre en alerte tout le service de sécurité...
Puis petit à petit j'ai fait mes adieux à tous mes nouveaux amis. A Helge, qui est revenu de la ferme où il bossait en woofing avant de prendre le bus pour Delhi, à Ryan, le loup solitaire australien qui s'est fait plus doux avec le temps, du moins suffisamment pour former un trio enlighted avec Maxi et moi les derniers temps, nous trimbalant à droite à gauche sur sa moto, et Jay, l'américain en exil... Et puis aussi aux indiens du village avec qui on avait sympathisé, notamment un vendeur de bijoux qui m'a déclaré sa flamme la larme à l'oeil le dernier jour: "I'll be honest with you, it's been a long time since I've felt something like this... Come back soon, let's spend some time together, and maybe marry!". Mmmmmh j'sais pas pourquoi mais je le sens moyen! Et puis là, seule dans sa boutique, face à mon massala chai bien trop chaud pour être bu en vitesse, je me suis sentie un peu prise au piège... surtout quand il a commencé à s'approcher de moi dangeureusement, et me caresser les cheveux en disant "maybe I can"... et moi de me bruler avec mon chai et disant "oh no I don't think you can!" avant de m'enfuir au plus vite.
Et puis tout s'est accéléré: bus de nuit pour Delhi - bim bam boum pendant 12 heures -, arrivée mal partout mais bizarrement plutôt bien dormi. Et puis dernière journée de luxe absolu à Delhi: resto jap super chic, manucure pédicure massage... Le tout pour tellement pas cher.
Maintenant va falloir me réhabituer à ne plus être riche: plus de rikshaws à 20 centimes, plus de muesli avec mangues fraiches de folie le matin pour 1.50 euros... Et surtout terminé toutes ces couleurs imbibées de spiritualité, cet incroyable mess auquel on ne peut que s'attacher.
Permière nuit à la ferté. Il fait beau, je retrouve mon jardin et toutes mes bêtes à poils, mais je suis comme bancale, sautillant désespérement sur une jambe pour trouver mon équilibre.
L'avenir m'est très flou. L'Inde m'appelle à nouveau, mais mes devoirs (commencer à bosser, gagner de la tune, ce genre de trucs...) aussi. Je sais pas trop. On verra.
Love peace bliss absolute et fin du blog. Pour maintenant.