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Ding d'inde dong

2 juillet 2011

THE END. For now.

Nostalgie dans le bus, nostalgie dans l'avion, nostalgie à la maison. Mais grand bonheur aussi, d'avoir tant appris sur moi même, sur les autres. Sur moi et les autres. D'avoir rencontré quelques très belles personnes, de celles qui t'aident à donner un autre cours à ta vie.

Ces derniers jours ont été très intenses. Notamment avec le Dalai Lama... quand je l'ai vu passer devant moi la première fois j'ai eu une grande bouffée d'émotion, les larmes aux yeux et le coeur qui bat la chamade. Je suis pas tellement du genre "fan de", donc c'était la première fois que je ressentais un truc pareil. Magnétique.

Le premier jour on est arrivées un peu tard Maxi et moi, donc il n'y avait plus de place dans un endroit d'où on puisse le voir. On s'est donc retrouvées dans un des coins du temple, seules occidentales au milieu d'une foule de tibétains.

Les tibétains ont une façon d'être très différente de celle des indiens. Doux et rustres à la fois. Discrets. Charmants.

Il était totalement interdit d'amener appareils photos ou téléphones, si bien que je ne peux que vous décrire l'ambiance. Chaque recoin de l'immense temple, sur deux étages, est occupé par une foule assise à même le sol. La liste des choses à apporter est la suivante: un coussin, un bol et une petite radio pour écouter la traduction tibétain-anglais. Seul le dalai lama est assis dans un fauteuil, immense mais simple, surplombé d'un imposant bouddha doré.

L'ambiance est à la fois calme, sereine, et joyeuse, pas guindée. Le vieux tibétain derrière moi ne parlait pas un mot d'anglais, mais il a tout de suite été absolument adorable avec nous, nous gardant notre place pendant les pauses, et nous frottant le dos quand être assises en tailleur devenait compliqué. Les moines passaient parmi nous plusieurs fois par jour, nous offrant du thé sucré et du pain tibétain. Le midi, ils font du riz et du dal dans d'immense marmites, et tous ceux qui ont leur bol sont invités à venir se servir. On a mangé à deux dans le même bol, avec les mains, par terre, au milieu du brouhaha tibétain. Notre petit voisin nous a gavé de pain tibétain toute la journée, et sous les couvertures, avec mes chaussettes et un thé chaud, je me suis sentie bien, comme à la maison, un dimanche après-midi au coin du feu. Oui, la mousson entamée, il ne faisait plus très chaud là haut dans les montagnes.

L'enseignement du Dalai Lama a été passionnant, bien qu'assez complexe. Surtout avec la traduction en anglais grésillant. J'ai regretté de ne pas pouvoir le comprendre directemment, parce qu'il parle de manière très vivante, faisant des blagues, se marrant toutes les cinq minutes...

Le deuxième jour je suis arrivée tôt pour pouvoir être assise plus près de lui. Il nous a donné une initiation au bodhisattva (celui qui a choisi de suivre le chemin de Bouddha) de la compassion dont il est l'émanation. Rien que ça.

A chaque fois qu'il est passé dans les rangs, il a pris le temps de dire quelques mots, de sourire à ceux qui lui étaient les plus proches. Ce qui lui a valu de se faire sauter dessus par un tibétain gentil mais fou qui "voulait juste le toucher", et de mettre en alerte tout le service de sécurité...

Puis petit à petit j'ai fait mes adieux à tous mes nouveaux amis. A Helge, qui est revenu de la ferme où il bossait en woofing avant de prendre le bus pour Delhi, à Ryan, le loup solitaire australien qui s'est fait plus doux avec le temps, du moins suffisamment pour former un trio enlighted avec Maxi et moi les derniers temps, nous trimbalant à droite à gauche sur sa moto, et Jay, l'américain en exil... Et puis aussi aux indiens du village avec qui on avait sympathisé, notamment un vendeur de bijoux qui m'a déclaré sa flamme la larme à l'oeil le dernier jour: "I'll be honest with you, it's been a long time since I've felt something like this... Come back soon, let's spend some time together, and maybe marry!". Mmmmmh j'sais pas pourquoi mais je le sens moyen! Et puis là, seule dans sa boutique, face à mon massala chai bien trop chaud pour être bu en vitesse, je me suis sentie un peu prise au piège... surtout quand il a commencé à s'approcher de moi dangeureusement, et me caresser les cheveux en disant "maybe I can"... et moi de me bruler avec mon chai et disant "oh no I don't think you can!" avant de m'enfuir au plus vite.

Et puis tout s'est accéléré: bus de nuit pour Delhi - bim bam boum pendant 12 heures -, arrivée mal partout mais bizarrement plutôt bien dormi. Et puis dernière journée de luxe absolu à Delhi: resto jap super chic, manucure pédicure massage... Le tout pour tellement pas cher.

Maintenant va falloir me réhabituer à ne plus être riche: plus de rikshaws à 20 centimes, plus de muesli avec mangues fraiches de folie le matin pour 1.50 euros... Et surtout terminé toutes ces couleurs imbibées de spiritualité, cet incroyable mess auquel on ne peut que s'attacher.

Permière nuit à la ferté. Il fait beau, je retrouve mon jardin et toutes mes bêtes à poils, mais je suis comme bancale, sautillant désespérement sur une jambe pour trouver mon équilibre.

L'avenir m'est très flou. L'Inde m'appelle à nouveau, mais mes devoirs (commencer à bosser, gagner de la tune, ce genre de trucs...) aussi. Je sais pas trop. On verra.

Love peace bliss absolute et fin du blog. Pour maintenant.

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26 juin 2011

Holy holy

Youhouuu je vais voir le Dalai Lama!! J ai une chance incroyable, il donne deux jours de cours le 28 et 29, et ca tombe juste sur mes deux derniers jours a Macleod Ganj. Le 29 au soir je prends le bus de nuit pour Delhi. et bye bye India.

L inscription a ete tellement simple, rapide et gratuite que j en reviens toujours pas... Je suis juste au bon endroit, au bon moment. Rien que ca.

Une fin en beaute, donc. J ai des papillons dans le ventre et je souris comme une debile quand j y pense! Non, c est pas l amour, juste his holiness. Et puis aussi mes intestins qui font a nouveau parler d eux.... un peu, beaucoup, passionnement, a la folie.

Pour une fois, un "pas du tout" me rendrait presque extatique.

A part ca, de plus en plus aucune envie de rentrer. Si ce n'est pour voir mes proches, bien sur. Mais bon, une semaine et des poussieres, comme entre l Australie et l Inde, ca m irait bien, finalement.

En tout cas je sais deja que ce n est pas la fin du voyage. L Inde et moi ca ne fait que commencer, je le sens profondement. D ici quelques mois, me revoila!

22 juin 2011

Livet ar vackert

La vie suit son cours et m'apprend chaque jour un peu plus. Je suis parfois découragée face à l'ampleur de la tâche: la route est longue avant d'atteindre la sérénité, l'amour de soi même. Parfois j'ai l'impression de faire un vrai bon en avant, et à d'autres moments je recule d'un pas, reviens à l'étape précédente, me confronte à nouveau au même problème...  Plus j'entre au cœur de moi même plus je suis complètement paumée. Et en même temps jamais aussi près du but.  Je profite de chaque instant de mon voyage, aussi bien physique qu'intérieur. La vie est belle et le bonheur à portée de main si on lâche prise face au jugement de soi même. Bon, c'est plus facile à dire qu'à faire, mais essayer tous les jours est déjà part du processus. Je suis dans un moment un peu flottant. Maxi et moi voulions aller méditer dans un centre bouddhiste, mais ils n'ont plus de place. Donc on hésite sur le chemin à prendre maintenant... Sachant qu'à cette période de l'année on peut rapidement se retrouver dans la mousson. Pluie, chaleur, moustiques? Bof. Autant rester dans mes montagnes.  Maxi est toujours aussi douce, parfait compagnon de voyage. On vit l'une sur l'autre, dans la même chambre depuis le début, sans aucune tension, dans le respect et l'amour. Hier on se disait qu'une de nous deux aurait mieux fait d'être un mec, ça nous aurait évité de chercher plus loin! Mais aussi incroyables que soient ses nichons, c'est vraiment pas mon truc. Ces deux derniers jours j'ai pris des cours de massage avec des singing bowls, ces grands bols tibétains faits de 7 métaux différents. J'ai eu la chance de pouvoir choisir mon bol par élimination, assise, les yeux clos, concentrée sur mes sensations et émotions tandis que mon mini prof tibétain passait chaque bol au dessus de mes chakras... J'en suis tombée amoureuse (des bols pas du prof). C'est fou l'effet que ces vibrations, tous ces sons entremêlés peuvent avoir sur mon corps. J'ai parfois la sensation qu'un ange me murmure à l'oreille... Le top serait que j'achète un bol par chakra mais j'ai vraiment pas les moyens et c'est quand même deux bons kilos par bol, donc un fera l'affaire.  Je vous embrasse et ai hâte de vous revoir, bien que j'avoue ne pas avoir super envie de rentrer à Paris. Ça me stresse rien que d'y penser, je suis obligée de redoubler de bol yoga reiki ;) J'ai pris des décisions pour ma vie que j'ai peur d'avoir du mal à mettre en application en retrouvant mon quotidien. Deux mois c'est pas suffisant pour réellement ancrer ces nouveaux choix de vie... Je sens que ce n'est que le début du processus et je dois déjà rentrer et mettre tout ça à l'épreuve. Aïe. 
19 juin 2011

Soon there is rain

Ça fait quelques jours maintenant que le cours est fini. J'ai énormément appris, et notamment de Bhooma, le yogi jaune, qui restera un modèle pour moi. Un regard noir, une présence qui ne triche pas, une allure royale que je ne suis pas prête d'oublier. Less is more lui va si bien: peu de mots pour un impact à vie. Mon respect pour lui n'a fait que s'accroitre avec le temps, et j'en suis vraiment heureuse. Mon guru est grave cool. Mon objectif en tant qu'élève est donc amplement atteint: je tiens en équilibre sur ma tête, je touche mes pieds, je respire par les deux narines, tout va bien. Après, de là à dire que je peux enseigner le yoga, c'est une toute autre histoire. Les cours que j'ai donnés ont plu, et j'ai reçu un "good" lors de la cérémonie de clôture. Good c'est pas super good, mais c'est vraiment pas mal pour mon niveau de départ. Donc je suis contente. Et je suis officiellement prof de yoga. Ahah. Je vis donc à Bhagsu depuis presque une semaine. C'est un petit village perdu dans la forêt, pas loin de MacLeod Ganj, la ville du dalaï lama. Y a plein de hippies, plein de cours de yoga, on y mange incroyablement bien, et c'est chouette. Les premiers jours on était une dizaine du cours à être là. Je garde quelques moments magiques en mémoire, notamment cette méditation pendant laquelle Helge, mon copain suédois, nous a joué au violon de la musique classique indienne, ou ces soirées à rigoler et trop manger à la lumière des bougies. Maintenant on n'est plus que quatre, Maxi et moi, un américain et un australien, tous les deux complètement fous dans leur genre yogi-extrémiste, mais très sympas. Ça donne des discussions marrantes sur les kundalini meditations, Osho, les abeilles, les orties et l'amour -ou le renoncement face à toute forme de relation amoureuse en ce qui les concerne-. En tout cas on s'amuse bien et la vie est belle, bien que "the clouds are there, soon there is rain", my reiki master said. Oui, parait que cette semaine je vais avoir un sérieux mal de dos et une irrépressible envie de sexe. C'est l'effet retard du chamboulement dû au passage ces deux derniers jours de mon second niveau de reiki: mes chakras ne savent plus où donner de la tête. Mais heureusement on a appris "the horny meditation", dont le but est de t'aider à passer ce cap difficile sans sauter sur ta copine allemande ou le premier mâle qui passe. A base de visualisation de boules bleues censées calmer ton second chakra, avant d'amener toute cette vilaine énergie de bête furieuse vers le sommet de ton crâne, et l'envoyer vers l'univers. Y a plus qu'à tester! Je vous tiens au courant...
9 juin 2011

Oulala

J'ai l'impression que la saison des pluies s'approche dangereusement ici. Il pleut tous les jours à la même heure depuis quelques jours, et après il fait beau à nouveau. Mais ce métronome du temps qu'il fait s'est un peu déréglé hier. On a eu un orage terrible... Il est tombé des grêlons gros comme des billes pendant des heures, transformant la cour sur laquelle donnent les chambres en une piscine d'eau gelée... nous condamnant à rester dans la classe de yoga pendant une plombe avant de rentrer quasiment à la nage. Je vous laisse imaginer le bruit des grêlons sur le toit en tôle. Et les décibels employés par mes pauvres co-profs in training en charge du cours ce jour là, obligés de hurler: "RELAAAAAX YOUR FAAAACE MUSCLES!! I mean, please. Thank you." Je donne cours dans une heure, et justement il se met à pleuvoir... Mais la pluie n'est pas mon unique préoccupation: il se trouve que mon cours d'aujourd'hui est pour débutants. Ce qui signifie que je vais devoir montrer toutes les pauses en les expliquant: "Alors là les gars normalement vous touchez votre pied droit. Mais moi je trouve que c'est pas plus mal de toucher son genou, non? Enfin bon faites comme vous le sentez hein!".  J'entends le tonnerre gronder dangereusement. Manquerait plus que les grêlons à nouveau.  Ah aujourd'hui, alors que j'étais en plein headstand sur les paumes de mains (oui, c'est la version plus complexe que celle en appui sur les coudes), Sadgid, le yogi blanc, est passé à coté de moi et après un petit mouvement de tête approbateur, a dit à ma voisine japonaise Oulala (oui oui Oulala): "this student, when she arrived, she couldn't do anything!! Now she's ok." I'm ok. Cool.
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7 juin 2011

Cours Forest

Je me savais déjà peu aérienne, mais là j'ai eu confirmation: on est vachement mieux sur la terre ferme! Oui, j'ai sauté du bord de l'Himalaya accrochée à plein de cordes de toutes les couleurs, très jolies mais très, trop fines à mon goût. Et à un gros sac plastique qui ne demande qu'à être crevé par le premier moineau qui passe. Je pensais que le pire serait le décollage -le moment où l'indien collé dans ton dos te dit RUN RUN RUN!!! étant particulièrement flippant- mais à vrai dire le plus stressant a été le vol pour moi. Je suis restée accrochée aux toutes petites cordes comme une ventouse à son rocher. Ce qui ne sert strictement à rien je vous l'accorde, mais on peut pas faire des trucs intelligents tous les jours de sa vie. Et là j'avais mis le mode "survie" en marche, ce qui visiblement empêche le mode "oxygénation du cerveau" de s'enclencher, et me crispe légèrement.  Mais ça pourrait pas descendre tout en douceur ces trucs volants non plus?? Ça bouge à fond à la moindre brise, au moindre changement de couche thermique (comme me l'expliqua gentiment l'indien derrière moi, avant d'entrer dans le vif du sujet avec le traditionnel "are you married?". Et là, toujours en mode survie, Marion hésite à accepter d'épouser l'indien en question, si ça peut l'aider à rester en vie...). Bon j'en rajoute un peu. Je ne suis effectivement pas une fille de l'air, mais ça m'a quand même plu de prendre un peu de hauteur. L'atterrissage s'est fait tout en douceur, et à ce que je sache je ne suis pas encore mariée à un indien. Donc tout va bien.  Sinon la vie continue tranquillement sur le campus, avec chaque jour sa petite surprise... Comme boire 6 verres d'eau salée au réveil avant de vomir tous ensemble dans la joie, ou se créer des faux ventres ronds pour le cours de yoga de la femme enceinte, ou faire une heure de route pour aller voir un yogi de 140 ans -rien que ça- qui ne veut pas te rencontrer parce qu'il est en plein milieu de ses 6h de yoga par jour... Ou encore découvrir qu'il y a des samosas de folie dans la village à côté, que tu as une interro d'anatomie en anglais dans deux jours, ou que ce sont les singes qui t'ont piqué tes bananes.  Je sens mon corps et mon esprit devenir bien plus flexibles face à la discipline quotidienne, et je ressens le besoin de faire du yoga même les jours off. Une nouvelle addiction, who knows?
3 juin 2011

Salade de poulpe

Pendant ma méditation de 8h30 ce matin, je me suis surprise à rêver de salade de poulpe, de blinis-tarama, de sashimi saumon, de spaghettis poutargue... Je crois que je suis en manque d'omegas 3. Ou de protéines. Enfin en tout cas le régime riz-dal commence un peu à me monter au cerveau. Et avec ça mes copines sadiques m'écrivent des mails me parlant de bouffe (l'intéressée se reconnaitra). Pas cool. Sinon tout va toujours bien. A part l'épuisement permanent, ça va. Les gens ici sont -pour la plupart- à la fois adorables et passionnants, et j'ai noué de chouettes amitiés. Notamment avec Helge, le suédois, avec qui on improvise en duo sur des mantras lors des veillées "chanting". Hier j'ai donné mon premier cours! Au début la confiance en moi manquait un peu à l'appel, mais finalement ça s'est bien passé. J'ai imité la façon chantante de donner le cours de Bhooma, le yogi jaune, -tout en essayant de ne pas reproduire l'accent indien, même si c'était extrêmement tentant!- et j'ai obtenu de mes élèves la relaxation et le sérieux que je souhaitais.  Ah. Sinon. Demain on part faire du parapente... Quand on voit le niveau de sécurité en Inde, y a de quoi flipper. Toutes pensées et prières en ma faveur sont les bienvenues. 
31 mai 2011

Roller coaster

J'ai l'impression d'être sur des montagnes russes au ralenti en ce moment. Ca fait oulalalalaaaaa-ouuuufffff... oulalalalalaaaa-ouuuuffff... Et ainsi de suite. Mes questionnements existentiels n'ont visiblement pas l'intention de me laisser tranquille deux minutes, et je passe de puissants moments de fatigue, comme si j'avais été sonnée à grands coups de marteau, et d'autres de belle et lucide énergie. Faut dire que j'ai enchainé turista et sinusite, et que j'ai ajouté le passage de mon premier niveau de reiki au programme de yoga déjà chargé... Résultat: trois jours non-stop de 5h30 à 21h30, une remise en question profonde qui me déstabilise tout en me donnant beaucoup de joie. Et bien sûr le nouveau super pouvoir de guérir par l'imposition des mains, en se faisant le canal de l'énergie universelle. Trop forts ces japonais. Comme le but de mon stage est de devenir prof de yoga (me demandez pas ce qui m'est passé par la tête le jour de l'inscription), le rythme s'intensifie fortement ces derniers jours. Maintenant c'est plus l'équilibre sur la tête pendant 5 minutes qu'on nous demande, mais le scorpion, qui consiste en un truc que jamais ô grand jamais je n'aurais cru pouvoir faire un jour, en équilibre sur les avant-bras, jambes en l'air et dos arqué. Pour l'instant mon scorpion se casse la gueule à grands fracas et est on ne peut moins gracieux, mais j'y crois très fort !! Ah oui, et jeudi je donne mon premier cours. On a été repartis par groupes et on fait la classe à tour de rôle. Autant vous dire que je me sens aussi prof de yoga que mathématicienne. La fille pas crédible par essence qui lutte comme une malade quotidiennement pour toucher ses pieds (ce qu'elle peut faire désormais, mais non sans y laisser 3 litres de sueur), va donner des cours de yoga... Mouahahahahah. Super marrant. Je ris. Et en plus faut faire ça en anglais... Déjà qu'en français la coordination et moi on n'est pas toujours potes, j'ai hâte de voir le résultat. Je suis un peu rassurée parce qu'un de mes amis de bagne suédois a entamé le bal hier, nous demandant à multiple reprises de lever le pied au lieu du bras, plier le coude au lieu du genou... Bref, on s'amuse comme des petits fous. Pour clôturer les 3 jours de reiki on a fait une méditation dansée d'une heure hier soir. Une transe collective à la lumière des bougies... Totalement jouissif. Mais un poil crevant. Voilà voilà voilà.... Quelque chose me dit que je risque d'avoir besoin de vacances en rentrant.
26 mai 2011

A beautiful mess inside...

Lorsque j'ai cherché à me prouver que j'étais capable de me débrouiller seule à l'autre bout du monde en partant en Australie, mes attentes vis à vis de l'Inde étaient bien différentes. Plus profondes. J'ai donc, dans l'avion en venant, listé un certain nombre de points dont je n'étais pas satisfaite pour ma vie, et que je voulais questionner, faire évoluer, changer, pendant ce mois de yoga intensif. Ce temps précieux pour mon esprit et mon corps. Ce genre de moments rares qui laisse véritablement le temps de se retrouver face à soi même. Ça fait donc deux semaines que j'écris beaucoup; mes rêves, le résultat de mes méditations, des réflexions suscitées par l'observation de l'Inde, de mes profs, des gens qui vivent ici... Et je suis assez heureuse de voir que   tout ça porte peu à peu ses fruits. Des réponses viennent à moi. Et je me sens de plus en plus prête à mettre en mode ON la nouvelle Marion à mon retour à la vie parisienne.  Mais mais mais c'est qui la nouvelle Marion me direz vous?? Est ce qu'elle est aussi génialement cool que celle d'avant? En fait, la nouvelle Marion est simplement moins dans le jugement, plus dans le respect. Moins maladivement séductrice, plus profondément aimante d'elle même et des autres par la même occasion. Plus positive, plus consciente de chaque instant. Plus en paix avec elle même. Bon, j'ai encore quelques semaines pour me préparer, c'est pas du luxe !! Oh oui, there's a beautiful mess inside... Et je m'emploie à le ranger. Pas encore trouvé tous les tiroirs, mais garde bon espoir. Et puis trop bien lissé c'est pas marrant, non? Ah, autre chose dont je suis assez contente: je prends le temps tous les jours pour peindre et chanter. Et ça me fait un bien fou. Petit post introspectif donc. Parce que je ne suis pas marrante tous les jours. Et parce que je suis très heureuse, là, maintenant, et ce malgré la tête d'ail crue entière que je viens de mâcher, le tout enrobé de coca tiède sans bulles et d'une mixture marron infâme gracieusement préparée par Bhooma, le yogi jaune, qui s'inquiète chaque jour de ma santé intestinale. Ah oui, j'ai beau penser beaucoup, ça me donne pas pour autant le power face à la turista, qui m'aime suffisamment pour me coller aux basques depuis un bail maintenant... Bon, la prochaine fois je vous raconte une blague de yogi pour compenser tant de sérieux! Promis!
23 mai 2011

Et on se beurre la narine droite...

Bon, même si j’ai jusqu’alors vécu ma turista dans la sérénité et en pleine conscience, j’avoue que là ça commence à me pomper l’air. Hier j’étais presque contente parce que j’avais plus que besoin d’un day off. Le rythme ici est tellement épuisant que j’étais au bout du rouleau, et l’idée de passer un jour entre mon lit et les toilettes n’était bizarrement pas si déplaisant. Mais cette nuit j’ai à nouveau très mal dormi pour cause de super douleurs pas cool, et ce matin je n’ai pu faire que la moitié du cours, donc ça commence à m’ennuyer légèrement. Surtout que mes co-disciples à qui c’est déjà arrivé retombent pour la plupart malades cycliquement, ce qui n’augure rien de bon pour la suite de ma vie intestinale. Mais je tiens bon et garde espoir de survivre à ça et de pouvoir un jour manger à nouveau un vrai repas à base d’autre chose que de riz, et si possible sans légumineuses ni épices. Je rêve de pain et de beurre, la maintenant…

 

A la place on me propose de m’enfiler des cordelettes en coton enduites de ghee (beurre indien) dans le nez. C’est légèrement moins agréable qu’une baguette beurrée, mais bon, ça se fait ! J’avoue, on a aussi la version moins roots du supra neti qui consiste en une cordelette en caoutchouc, ce qui passe quand même mieux que celle en coton. Le moment le plus intéressant est celui où la chose se situe juste au niveau de la glotte, et où il faut enfoncer ses doigts au fond de la gorge pour l’attraper afin de la ressortir par la bouche. J’avoue qu’après quelques tentatives et de multiples déglutitions, discrètes annonciatrices d’une régurgitation imminente, j’ai laissé tomber pour aujourd’hui. La turista c’est déjà pas mal, je vais pas commencer à vomir en plus !

 

En tout cas j’espère bien que tout ça vous aura coupé un peu l'appétit, y a pas de raison qu’il y en ait qui souffrent à l’autre bout du monde, tandis que d’autres s’emplissent la panse, merde à la fin.

 

Je rigole bien sûr. Mangez tant que vous voulez, ça m’est bien égal, I am bliss I am bliss I am bliss I am bliss….. repeat x 10.

 

Il y a trois jours j’ai eu mon premier jour off officiel, qui a été une très bonne journée, mais absolument épuisante. Certainement la raison pour laquelle mon corps m’a obligée à en prendre une autre. On était censés aller faire une petite randonnée de 20 minutes jusqu’à une cascade. Randonnée qui s’est transformée en trekking de 2h aller 2h retour (en tongs bien sûr puisque selon eux c’était super easy), et m’a fait comprendre qu’il ne fallait jamais croire un indien quand il te disait « Yes yes, 20 minutes half an hour ! ». Les indiens ont une drôle de notion du temps… Quand on commande un truc à la cuisine de l’hôtel, ils te répondent systématiquement « yes yes two minutes ! » et tu peux être sûr que si tu reviens dix minutes après rien ne sera prêt. Le mieux étant quand, après avoir poireauté pendant dix minutes pour ta pauvre banane, tu t’aperçois qu’en fait ils n’en avaient pas, et qu’ils ont envoyé quelqu’un à la ville pour en acheter. Et là tes deux minutes se transforment en une heure minimum, et la vie est chouette.

 

Là où il faut le plus te méfier c’est quand ils te disent « yes yes two minutes » ou « yes yes tomorrow » avec leur petit mouvement de tête ondulant horizontal bien à eux. Ca veut dire : « j’ai aucune idée de quand tu l’auras mec, mais t’inquiète pas, un jour tu l’auras. Peut être. Si dieu le veut. Hare hare krishna krishna. »

 

Tout ça pour dire qu’on a pris le temps pour arriver à cette fameuse cascade, mais qu’on l’a fait. C’était vraiment très beau : des rochers ronds énormes posés au milieu de l’eau, créant des piscines naturelles… d’eau absolument gelée. De glace tout juste fondue. Le top pour se détendre. Maxi, en bonne allemande, s’est baignée tandis que je la regardais du haut de mon rocher devenir rouge écrevisse. Les yogis étaient restés au café juste au dessus de la cascade, ne souhaitant pas plus que ça troubler leur sérénité à la vue d’une jeunesse débridée en bikini. Mais, oh catastrophe, il s’est mis à pleuvoir, créant un repli global vers le café, et notamment de filles encore en maillot de bain… J’étais assise à côté du yogi en blanc qui s’est mis à murmurer « oh my god beach girls beach girls… I can’t see this » et a détourné son regard, l’air profondément troublé. Je pense qu’à 38 ans, c’était une des premières fois qu’il voyait des filles en maillot de bain. Sur le chemin pour venir j’avais parlé avec lui, et il m’avait dit qu’il était un monk in training. C'est-à-dire qu’il se destine à vivre toute sa vie dans un ashram, comme il l’a fait depuis son adolescence, mais qu’il est encore dans une période où il apprend et où il peut revenir en arrière. C’est ce que signifie la couleur blanche, et ce qui explique sa présence ici : il doit se confronter au monde pour pouvoir choisir en conscience. Le jaune, lui, est au stade au dessus, il enseigne avant d’obtenir le véritable statut de moine yogi. C’est seulement à partir du stade orange qu’on est un vrai moine yogi, et qu’on ne peut plus revenir en arrière. Avant, on peut toujours tomber amoureux, et décider de vivre une vie maritale.

 

Donc le pauvre monk in training a certainement du lutter pour retrouver la sérénité et éteindre le feu de son deuxième chakra après cette vision troublante. J’imagine à quel point ça doit être difficile, à quel point ça doit demander des efforts et une attention perpétuelle. Tellement d’heures de méditation pour parvenir à ne plus s’attacher aux choses terrestres, à contrôler son corps et ses pulsions. Je suis à la fois très admirative et un peu dubitative. Tout ça en vaut-il réellement la peine ? Qu’adviendrait-il d’une société où chacun serait à ce point conscient de l’impermanence de son propre corps ? Pourrait-on mener une vie « normale », aller travailler, se marier, avoir des enfants, tomber amoureux, si nous vivions chaque instant en sachant profondément, comme eux, que nous ne sommes qu’une partie (atman) d’un grand tout (brahman), et qu’au fond, rien de ce qui est matériel n’a d’importance ? Comment peut-on garder un tant soit peu d’intérêt pour la vie de tout les jours, se lever le matin, se brosser les dents, s’habiller, quand son propre corps n’est qu’une enveloppe momentanée dont on n’a que faire ? Comment peut-on garder de l’intérêt pour sa vie et celle des autres quand on apprend tous les jours à ne pas être affecté par les choses qui arrivent ?

 

Beaucoup de questions auxquelles je ne fais qu’entrevoir des réponses, et qui m’interpellent tous les jours à observer et écouter ces yogis parler du bouddhisme, de leur philosophie de vie.

 

Bref, après cette petite ballade de santé, nous avons pris le chemin de McLeod Ganj, une petite ville très mignonne non loin de la moins mignonne Dharamsala, qui est en fait la vraie résidence du Dalai Lama. « Aller voir le Dalai Lama à Dharamsala », c’est en fait aller à McLeod Ganj. On a visité le temple, vu les moines bouddhistes en action, créant des mandalas (dessins de sable coloré très minutieux), priant en musique, méditant. Un bel endroit, très paisible.

 

Et puis on a visité la ville, couru à droite à gauche pour trouver des produits de première nécessité manquant cruellement dans notre retraite himalayenne (genre papier toilette), et on est repartis pour les 2h de route de montagne du retour, avec dans le mini bus une anglaise un peu simplette du groupe qui a parlé et parlé et parlé de trucs débiles pendant tous le trajet, me permettant de travailler sur ma patience et mon amooooooour du reste de l’humanité.

 

Conclusion : j’ai encore du boulot.

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